Esquisse d'argumentaire pour ne pas voter

Publié le par Properce

Il paraît qu'il y a des élections présidentielles dans trois ou quatre mois. Si vous pensez voter pour quelque candidat que ce soit (premier tour), et si vous croyez devoir faire pencher la balance annoncée au second tour entre maman névropathe et paltoquet psychopathe, ne lisez pas ces lignes.

Par contre, si vous êtes honnête, modéré, et que vous ne vous méprisez pas assez pour augmenter d'une unité votre contribution au choix le plus crasseux de l'histoire de la cinquième république, ces lignes sont pour vous. Je propose un argumentaire de survie aux discussions à table devant les matières amylacées, ou au travail devant la machine à café équitable, au lit devant le divorce.

Le devoir républicain du vote, si vous l'accordez, n'a aucune consistance dès lors que nous ne sommes plus en république. Ce point est difficile, je sais, mais la république est d'après les meilleurs auteurs fondée sur la vertu : pas sur la télévision. Si l'on appelle république un peuple qui se passionne pour des marionnettes, dites franchement qu'à ce compte la loi salique avait ceci de bon qu'on ne prétendait pas choisir l'inévitable polichinelle.

Si vous ne mettez pas en doute l'existence de la république (soit que vous êtes déjà fatigué de ce que vous allez entendre, soit qu'on ne peut pas poser d'un coup toutes les évidences devant les anxieux), dites alors : mais il s'agit du droit de vote, et non du devoir. La Turquie, ce grand pays modéré destiné à devenir notre limes contre les barbares, a ceci de despotique qu'on est obligé de voter. L'inévitable mais on s'est battu pour ce droit, doit être ici sévèrement réprimé : un droit n'est pas un devoir. Vous bottez en touche en disant qu'en général ceux qui rappellent ces durs combats se trouvent le plus souvent dispensés d'avoir à combattre quoi ce soit dans le présent ou l'avenir. Le courage des ancêtres ne se consomme pas : on l'a ou pas. Et ça n'est pas une obligation.

On vous dira l'abstention révolutionnaire c'est ringard. Vous pouvez répondre qu'étant donné la nuée des jeunes schnocks de ces temps fastueux vous prisez les délices d'une vieillesse qui vous donne (ou pas) le temps de lire ou relire les classiques. Si vous êtes jeunes, vous dites : le ringard c'est ultrabranché, depuis que que je corrige tous mes SMS avec le Littré. D'ailleurs vous n'êtes pas forcément révolutionnaire, vous laissez cela au passionnés du changement, parce que les choses vont forcément changer avec eux étant donné qu'ils ne vont pas cesser de repeindre les façades. Vous placez la muletta après les premières passes en disant que vous n'êtes pas abstentionniste, car vous avez déchiré votre carte électorale (option un peu romantique), ou que vous ne vous êtes jamais inscrit (option taoïste), ou que vous ne vous êtes pas réinscrit (option modérantiste).

On vous dira, est c'est un grand topos du votant : il faut choisir le moindre mal. Il y a un bouquet de réponses, à vous de choisir le dosage. Ethique : si j'avais à choisir, je choisirai le bien. Documenté Spinoza : et ce n'est pas parce que une chose est bonne qu'on la désire, mais parce qu'on la désire qu'on la trouve bonne, alors le moindre mal, si ça n'est pas le bien, c'est assurément le moindre désir (cet argument est une bombe, mais il a l'avantage que votre interlocuteur ne s'aperçoit pas de la déflagration, est d'un air agacé il dira : on ne peut pas discuter avec toi). Embarrassé : choisir entre la guerre et la paix sans doute, mais ce qui vous gêne c'est le dégradé, entre le facho et l'escroc, les pantoufles armées et les bottes, les tanks ou la bombe atomique, les flics ou les militaires. Laconique : choisir le moindre mal dans les conditions de la liberté de choix ce n'est donc pas choisir. Churchillien : ils voulaient la paix et l'honneur, ils ont eu la guerre et la honte.

Ou encore : c'est de l'irresponsabilité politique. Là je recommande que vous vous énerviez un peu. L'irresponsable c'est celui qui croit choisir et n'est que le faire-valoir anonyme et dégoûtant du non-choix. Ensuite vous ne laissez pas le mot de politique aux ignorants : la politique n'existe plus. Vous voyez seulement des vigiles dans un supermarché, et des consommateurs poussant leur caddies en croyant vivre.

La question est alors : mais qu'est-ce que tu proposes ? Il faut répondre : rien. Ou : je propose qu'on fasse un moratoire de dix ans sur les propositions, assorti d'une interdiction de jouer au foot professionnel pendant la même durée. C'est une mesure de salut public. Quant aux lettres au Père Noël, si vous vous laissez aller de temps à autre à les écrire, vous tenez pourtant à ne pas les poster, surtout dans les urnes. D'ailleurs vous n'aimez pas les formulaires pré-écrits.

Tu penses que les français sont des cons ? La vraie réponse patriotique est OUI. Votre garant est Charles de Gaule : « des veaux », c'est pour cela qu'il a fait, comme on sait, de la résistance. Vous pouvez dire, non : les français n'ont jamais existé, c'est une nation sans nationalité (Bonaparte).

Tu nous méprises ? Les deux réponses sont possibles. Vous jouez à pile ou face laissant le réel décider. Mais vous pouvez éviter, en disant : peux-tu reposer ta question ? car je ne suis pas sûr que tu l'aies bien comprise.

Publié dans Autopsie du présent

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O
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S
Avec beaucoup de retard, mais il n'est jamais trop tard de toute façon, voter pas voter aucune importance, la droite est à droite, la gauche est à droite, sans doute comme le code de la route. Eviter les collisions frontales, alors pour qui voter? En tout cas pas comme un veau, je suis de Montbéliard, les veaux je connais, et pas que l'animal... Guettes mon site, et dis moi ce que tu penses de cette vie pas si simple. SergePs bonne continuation.
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A
J'ai ouvert un blog politique sur http://desirsdavenir86000.over-blog.net/ alors venez le voir et dite ce que vous en penser dans les commentaires pour que je l'ameliore, merci d'avance!!!!
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J
je recherche la foto de sartre sur un bidon prise devant renault billancourt car je pourrai dire ainsi"je me souviens"   car j'y étais( je vendais ROUGE et je suis fier de le vendre encore surtout après lecture de votre prose )quelques jours après la mort d'overney c'est pourkoi j'ai atterri sur votre lieu de bavardagebien à vous
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P
Je ne trouve pas non plus la photo "classique". Mais il y a eu plusieurs interventions de Sartre. Voyez ce lien, octobre 1970 :http://w0.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&num_notice=9&total_notices=13&mc=Geismar,%20Alain